L’OMS l’utilise comme mesure de référence, il est présent sur tous les sites, dans toutes les bouches, il est utilisé par les médecins, dans les méthodes de régime, et pourtant son fondement médical est souvent remis en question, au point de le classer comme obsolète, voire contre-productif. Nous avons enquêté pour faire toute la lumière à ce sujet.

L’IMC, d’une simple observation statistique à l’indicateur phare de l’obésité

Adolphe Quétélet est un célèbre statisticien belge, un père pour sa science. Dans ses recherches sur l’homme moyen, il découvre en 1832 la relation de proportionnalité entre le poids moyen et le carré de la taille des individus, sans en tirer la moindre conclusion médicale. Ce que veut dire son indice, c’est qu’entre un premier groupe de personnes d’une taille donnée et un autre 10% plus grande, ce second groupe aura un poids non pas 10% plus lourd, mais 21% (1,10 x 1,10 = 1,21). A aucun moment il n’était question d’obésité ni de surpoids.

Il faudra ensuite 140 ans pour que la formule, jusqu’alors nommée Indice de Quétélet, trouve une seconde vie lorsque Ancel Keys s’intéresse à différente formules mettant en relation mensuration et poids dans le dépistage de l’obésité, concluant que l’indice de Quétélet était le plus intéressant de tous. Il a en conséquence rebaptisé l’indice en « indice de masse corporelle » et a publié ses résultats.

Jusqu’à 1985, différents indices ont cohabité dans le monde, jusqu’à ce que l‘Institut National de la Santé américain (NIH) ne prenne la décision de se focaliser sur un seul indice, qu’ils voulaient simple et efficace, pour donner aux médecins et aux patients un moyen de diagnostiquer par un calcul rapide, clair et précis, l’obésité d’une personne.

La consécration viendra ensuite en 1997, quand l’Organisation Mondiale de la Santé sélectionne l’IMC comme l’indicateur officiel pour le dépistage et le recensement des personnes obèse dans le monde, standardisant définitivement l’unité et son mode de calcul.

L’indice de masse corporelle, mesure imprécise et arbitraire…

Ancel Keys, qui est celui qui est probablement à l’origine de la gloire de l’IMC, est très critique sur son utilisation en matière de dépistage. C’est un indice selon lui bien adapté à la statistique, mais qui n’est pas adapté à chaque individu. En effet, l’IMC ne tient ni compte du sexe, ni de l’âge, ni de l’ossature, ni de la musculature, ni de la répartition de la graisse… autant de facteurs qui peuvent faire varier énormément le risque réel pour un même IMC.

Par exemple, un homme de 25 ans ayant un IMC 24,5, mais ayant des os fins, peu de muscles et beaucoup de graisse abdominale présentera un risque élevé de maladie lié au surpoids, tout en étant « dans le vert ».

Les seuils, enfin, ont été définit de manière arbitraire, pour les deux sexes, à 25 et 30 pour le surpoids et l’obésité, sans que cela n’ait jamais eu le moindre fondement médical.

… mais quand-même utile au niveau de la sensibilisation

Les pratiquants de musculation le savent bien : leur IMC élevé est dû à leur importante masse musculaire, et ne signifie donc pas un élèvement du risque de maladie lié à l’excès de graisse.

Il est difficile de dire et de se dire certains mots. « Je suis obèse » peut parfois être aussi dur à dire que « j’ai un cancer », au point que beaucoup entrent dans un déni de leurs problèmes de poids.

L’IMC, parce qu’il est simple à calculer, permet de vulgariser le sujet, et de confronter les gens à une échelle, si imprécise soit-elle, et peut provoquer un « déclic ».

Néanmoins, il est utile de combiner cette mesure à d’autres, toutes aussi simples à mesurer et parfois plus précises, comme le ratio taille/hanche ou simplement le tour de taille.

Le calcul de l’IMG via l’impédancemétrie est également de plus en plus souvent possible chez soi, et constitue également une mesure intéressante.